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Etrangers, flexibles et pas chers

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BTP, tourisme ou construction navale: les entreprises font de plus en plus souvent appel, par le biais de la sous-traitance, à des expatriés temporaires et qualifiés. Un salariat nomade guère protégé par le code du travail. Reportage aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire.
publié le 22 avril 2003 à 22h56

C'est un montage classique de sous-traitance, quoique un brin compliqué. La commande des travaux a été passée à une société belge qui a sous-traité le marché à une société libanaise installée en Suisse. Elle-même a refilé l'affaire à une entreprise allemande, dont la filiale française a enfin honoré le marché en faisant appel à un prestataire étranger. C'est ainsi qu'une quarantaine d'ouvriers polonais travaillent actuellement à la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime) sur un chantier très spécialisé cogéré par EDF, TotalFinaElf et Texaco. Le député PCF de la région, Daniel Paul, s'est ému de pratiques «où le salarié n'est qu'une variable d'ajustement». Une fois la mission accomplie, ils rentreront chez eux...

Saute-frontières. Maintenance industrielle, agriculture, tourisme ou BTP (comme le chantier actuel du TGV-Est), de plus en plus de travailleurs sautent les frontières pour effectuer un contrat de courte durée. Souvent qualifiés, ces expatriés temporaires apportent un savoir-faire, travaillent sans regarder leur montre et repartent dans leur pays, sans le risque de s'installer. Mobiles, flexibles, pas chers, ils ont toutes les qualités aux yeux d'entreprises toujours à la recherche de plus de souplesse et du moindre coût. «Une nouvelle forme de salariat voit le jour, estime Bruno Lefebvre,Êethnosociologue du travail à l'université de Nantes. C'est une main-d'oeuvre nomade qui bénéficie de la déréglementation de l'économie. Elle passe d'un chantier à un autre, de la