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Libération

La croisière se rebiffe

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Non payés, des travailleurs étrangers se sont mis en grève aux Chantiers de l'Atlantique. Une première.
publié le 22 avril 2003 à 22h56

Saint-Nazaire envoyé spécial

Ils ont le masque des trimards, yeux rougis de fatigue, traits burinés par soixante heures de travail par semaine. Ces menuisiers grecs posent le marbre des bars, agencent casinos et restaurants du Queen Mary II, le plus grand paquebot jamais construit au monde. Ils travaillent pour les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, mais sont en fait salariés du sous-traitant Ippokampos, société basée près d'Athènes.ÊEn grève depuis près d'un mois, ces vingt-cinq salariés n'ont reçu depuis août que de menus acomptes sur leurs salaires. Leur dépassement d'horaires est illégal, leurs heures supplémentaires jamais payées. «On me doit 25 000 euros», soupire Pavlos Retkletis. Sans un sou, certains sont déjà repartis en Grèce. La direction d'Alstom Marine, propriétaire des Chantiers de l'Atlantique, a dû se résoudre à verser un tiers des retards de paye, tout en s'empressant de rappeler : «Les commandes passées à tous nos sous-traitants spécifient bien que la société s'engage à respecter strictement les lois françaises.» Une proclamation contredite par des menuisiers slovènes qui travaillent jusqu'à 54 heures par semaine ou des Polonais qui marnent jusqu'à 72 heures par semaine pour monter les ascenseurs du Queen Mary II ...

Depuis un bon mois, les entreponts des paquebots en construction à Saint-Nazaire dévoilent les bas-fonds d'une exploitation sans frontières. Début mars, 241 ouvriers indiens d'Avco, une entreprise italienne de ventilation, se mettent en