Menu
Libération

«On est comme un équipage de navire abandonné»

Article réservé aux abonnés
publié le 22 avril 2003 à 22h56

Originaire de Grèce, Merkuris Biliris est charpentier-menuisier naval à Saint-Nazaire. Depuis août, il n'arrive pas à se faire payer.

«J'effectue des missions à l'étranger depuis vingt-sept ans. Il faut bien nourrir la famille. Ma femme ne travaille pas. Je l'appelle deux fois par jour. J'ai fait construire ma propre maison. J'ai 57 ans, la retraite n'est pas loin.

«Travailler sur les paquebots, finalement, ça me va. Il y règne un climat un peu comme dans la marine marchande ­ d'où je viens­, toujours très soudé. Avec mon employeur, la société Ippokampos, qui est basée à Vari, à 20 kilomètres d'Athènes, j'ai travaillé à Singapour, aux Etats-Unis, en Allemagne, avant d'arriver à Saint-Nazaire. Depuis que je suis ici, j'ai participé à l'aménagement de plusieurs paquebots. On a monté les bars des boîtes de nuit du MSC Lyrica. En ce moment, on pose le marbre et on fait les menuiseries des restaurants de l'Island Princess. Ici, il n'y a pas d'encadrement grec, ce sont les Chantiers de l'Atlantique qui supervisent le travail. En faisant 260 heures dans le mois ­ soit 50 à 60 heures par semaine ­, je gagne 3 000 euros par mois, frais de repas inclus.

Jusqu'à présent, notre patron à Athènes avait été impeccable. Je ne comprends pas. Depuis août, on n'a reçu que 200 euros de temps à autre. Il y a quelques jours, un monsieur est venu de Paris. Un Français. Il voulait qu'on lève le piquet de grève et a proposé 500 euros à ceux qui étaient le plus en difficulté. Dès qu'on lui a dit que c'