C'était le 21 mars. Au tribunal de Nanterre, Ralph Blindauer, avocat de deux intérimaires de l'usine de Poissy, découvre au sortir de sa plaidoirie un nouveau groupe d'intérimaires du site, accompagnés par la CGT, qui viennent assister à l'audience. Devant la troupe de futurs plaignants, l'avocat salue ses deux clients du jour, qui ont décidé de poursuivre l'action en justice alors que PSA leur proposait 8 000 euros pour renoncer.
Andel Muanza est l'un d'eux. C'est un homme d'une cinquantaine d'années, posé. Il est arrivé en France il y a dix ans, du Congo. Il a fait des «petits boulots», puis a été embauché à Poissy. «Pendant dix-huit mois, ils ont reconduit mon contrat tous les mois. Ils me disaient que j'allais être embauché, que je travaillais très bien.» Andel est hébergé chez sa famille. «Etre embauché, cela m'aurait permis de mener une vie normale.» Au bout de dix-huit mois «A la pause de midi» , un responsable lui a dit : «Tu arrêtes. Tu as été apprécié sur toute la ligne, sur le plan professionnel, sur le plan social. Tu peux revenir dans six mois.» «C'est une drôle de façon de remercier les gens, poursuit Andel. On vous renvoie comme un chiffon. Je ne connais pas le droit. Mais ils m'ont rejeté et remplacé par un intérimaire, qu'ils m'avaient demandé de former pendant quinze jours. Ce n'est pas de l'intérim.»
Andel a refusé les 8 000 euros. «S'ils m'ont proposé de l'argent, ça veut dire qu'ils savaient qu'ils avaient tort.» Andel s'est indigné, en silence, du spec