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Libération

Berlinois, architecte et chômeur

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En Allemagne aussi, la crise de l'emploi touche les diplômés.
publié le 28 avril 2003 à 23h02

Berlin, de notre correspondante.

Christian Sting semble en avoir pris son parti. A 42 ans, cet architecte venu s'installer à Berlin il y a douze ans, est au chômage depuis six mois. «C'est la première fois de ma vie que je me retrouve dans une situation pareille, explique-t-il. Mais quand je regarde autour de moi, je vois que c'est de plus en plus courant, même quand on a des diplômes et un vrai métier.» Traditionnellement, quand la conjoncture est mauvaise, ce sont les travailleurs non qualifiés qui trinquent en premier. Mais la crise économique allemande est désormais suffisamment profonde pour que toutes les couches de population soient touchées. Fin mars, le nombre de chômeurs s'élevait à 4,6 millions, soit 11,1 % de la population active. Quasiment un demi-million de plus que l'année précédente à la même période. Et personne ne voit où cela va s'arrêter : 5 millions ? 6 millions ? Les instituts sont d'autant plus pessimistes que l'activité économique se rapproche de zéro. 5,7 % de l'ensemble des chômeurs sont des diplômes, et parmi ces derniers, le chômage a augmenté de 24 % en 2002.

Pour Christian Sting, tout marchait bien. Son père, lui-même architecte, lui avait pourtant déconseillé de suivre sa voie. «Mais dans ce métier, il suffit de remporter un gros concours et la carrière est assurée. J'ai voulu tenter ma chance.» Après l'ouverture du mur, «nous sommes tous venus à Berlin, il y avait la réunification. Cela grouillait de projets, raconte-t-il. Treize ans plus tard,