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Libération

Les pilotes se volent dans les plumes.

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Enquête au sein du SNPL, leur principal syndicat, miné par ses luttes intestines.
publié le 29 avril 2003 à 23h03

C'est un membre du SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne) qui le dit : «Franchement, qui voudrait se mettre au milieu de ce merdier ?» Depuis quel ques mois, le bureau du SNPL d'Air France peinait à trouver un porte-parole. «Aucun volontaire.» Et quand on joignait son président, Christophe Sorais, comme à l'automne 2002, en plein coeur de la grève des pilotes, la réponse tombait, sèche : «Je vous prie de raccrocher et de ne plus jamais appeler ce numéro.» A l'image de la crise que traverse aujourd'hui le premier syndicat de pilotes français, embourbé dans la négociation salariale avec la direction (lire ci-dessous), et miné par de lourdes divisions intestines. Parmi les six syndicats de pilotes, le SNPL, créé au début des années 1950, tient encore la vedette. Historiquement majoritaire, il incarne un syndicalisme pilote ultracorporatiste, peu soucieux des solidarités avec les autres catégories du personnel.

Accord. Sur la privatisation, le SNPL se dit «pragmatique» et donnera probablement sa bénédiction contre une nouvelle part du capital d'Air France (dont les pilotes détiennent 6 % depuis 1998). Les mauvaises langues disent volontiers que c'est une approche centrée sur le seul porte-monnaie. «C'est vrai mais un peu plus complexe», assure un dirigeant d'Air France. Le rôle des syndicats de pilotes répond aussi à la nature du métier, son isolement dans l'entreprise et parfois sa fragilité. «Le pilote, il n'a pas de bureau, il a un casier... C'est tout. L'entreprise, po