Cela ne rate presque jamais. Chaque fois que Bull, dernier survivant de l'informatique européenne, fait modestement parler de lui, la Commission européenne joue les trouble-fête. Et du coup, les pouvoirs publics français, actionnaires de référence de la maison (16,3 %) sont contraints de monter à leur tour au créneau pour défendre leur ex-champion, (très) mal en point. Résultat, un nouveau pataquès entre Paris et Bruxelles tandis que Bull et les 8 350 salariés qui lui restent (contre 11 300 fin 2001) n'en finissent plus d'agoniser.
Petit oubli. La dernière escarmouche date de mercredi : le rival déchu d'IBM présente ce jour-là des comptes encore fragiles qui montrent pourtant léger espoir un petit bénéfice d'exploitation (18 millions d'euros). Seul hic, ce bilan annuel n'a pu être bouclé dans les temps qu'au prix d'un petit oubli qui aurait de quoi faire sauter au plafond n'importe quel apprenti commissaire aux comptes. Dans son bilan, Pierre Bonelli, patron de Bull, a tout simplement omis de comptabiliser le remboursement des 450 millions d'euros que l'Etat lui a prêtés en deux fois. A l'époque, le gouvernement Jospin veut éviter un dépôt de bilan menaçant depuis des années, alors que Bull n'a même plus les moyens de régler ses salaires. L'Etat avance donc 100 millions d'euros à la fin 2001 et remet 350 millions d'euros supplémentaires en mars 2002, à un mois des élections présidentielles. En échange de cette bouffée d'oxygène inespérée et pour obtenir le feu vert de Bru