Le fromage au lait de chamelle est peut-être passé aux oubliettes du château fort européen, mais il a fait phosphorer Bercy, qui a tenté, en vain, de monter à l'assaut du donjon. Il y a six mois, Libération avait conté, à l'occasion du sommet de la Terre de Johannesburg (Libération du 28 août 2002), une édifiante anecdote. Celle d'une petite histoire (le fromage de chamelle, donc), d'une petite PME (Tiviski), d'un petit pays (la Mauritanie). Ou comment une ingénieur anglo-mauritanienne, Nancy Abeiderrahmane, bataillait contre des moulins à vent, depuis 1994, pour trouver des débouchés en Europe. Son fromage est à double valeur ajoutée. D'abord, il contient un faible taux de cholestérol. Surtout, il permet de faire (mieux) vivre 800 nomades, dont 70 % (sur)vivent avec moins de 1 dollar par jour. Un concentré d'expérience in vivo, de développement durable.
Vicissitudes. Mais voilà les rêves de Tiviski se sont fracassés sur les bunkers kafkaïens européens. Une illustration parmi d'autres des ambiguïtés agricoles européennes qui parlent d'abolir les barrières tarifaires, mais dopent les obstacles sanitaires et du maquis de réglementations commerciales visant notamment à (sur)protéger un consommateur angoissé face à l'insécurité alimentaire. Les vicissitudes du lait de chamelle ont, paraît-il, «ému» François Loos, le ministre délégué au Commerce extérieur. «Un truc pas possible», a-t-il confié. Son sang n'aurait fait qu'un tour. En défenseur de la veuve entreprise (du Sud) et