Les déclarations des dirigeants allemands sur la situation économique du pays présentent au moins un avantage : elles sont concordantes. Hier, dans une interview publiée par l'hebdomadaire Der Spiegel, le ministre des Finances Hans Eichel a déclaré qu'il renonçait à son objectif de retour à l'équilibre budgétaire d'ici à 2006. «Nous ne pouvons plus y parvenir d'ici à 2006, à moins d'un miracle économique», a-t-il dit. En écho, le chancelier Gerhard Schröder qui vient d'entamer une tournée en Asie a tenu des propos sensiblement identiques dans le quotidien Tagesspiegel. «Pour parvenir à un budget 2006 dénué de nouveaux emprunts, nous aurions besoin de taux de croissance que je ne peux espérer.»
Pour la première fois, l'Allemagne fait savoir officiellement à l'Union européenne qu'elle ne tiendra pas les objectifs du Pacte de stabilité, et ne reviendra pas à des comptes équilibrés dans les trois prochaines années.
Après l'annonce d'un taux de chômage record en avril (10,8 %, 4,495 millions de personnes) (Libération du 8 mai), Hans Eichel indique ce que tout le monde savait déjà : l'Allemagne ne parviendra pas cette année à réduire son déficit budgétaire à 3 % du PIB, comme cela avait déjà été le cas l'année dernière.
Le ministre reconnaît que les nouvelles estimations de recettes fiscales qu'il doit présenter la semaine prochaine seront inférieures de «plusieurs milliards» d'euros aux besoins. Le gouvernement allemand doit aussi débloquer dix milliards d'euros supplémentaires