Sébastien, 32 ans, commercial dans
le bâtiment, s'inquiète parce que son activité encourage l'alcoolisme, chez lui et surtout chez ses collègues.
«Je suis devenu commercial, juste après mon école de commerce. Mes clients sont des artisans ou des grossistes du bâtiment à qui je vends des équipements divers, des fenêtres, des doubles vitrages... Pour y arriver, je dois les séduire pour leur "refourguer ma camelote", comme dit mon patron. Mais il ne faut pas que je force trop la note, sinon ils voient clair dans mon jeu. Comme je suis payé avec un fixe très faible, mes revenus varient en fonction des palettes de fenêtres que je réussis à vendre. Je suis sans arrêt sous pression : si je ne fais pas mon chiffre à la fin du mois, je peux faire une croix sur ma paye.
«J'ai été formé à la vente en col blanc : théorie marketing, relations clients, poignées de main franches, bases théoriques. Attention, je ne me faisais pas d'illusions sur le métier. Mais ce n'est rien à côté de ce que je dois déployer pour vendre mes produits. Les gars du bâtiment, ce sont des durs, des maquignons. Ils font tout pour rogner sur la facture. Souvent, j'ai le même âge que leurs enfants, ils s'imaginent que je vais être tendre et facile à rouer. Un jour, un client, à qui je refusais d'accepter l'offre manifestement trop basse, m'a dit : "C'est pas un blanc-bec comme vous, qui tète encore le sein de sa mère, qui va m'apprendre mon métier." Sur le coup, j'ai trouvé ça vulgaire mais j'ai encaissé. Finalement,