Son montant est plutôt maigrelet. Mais sa valeur politique, en ces temps de friction franco-américaine, vaut, elle, beaucoup d'argent. Selon nos informations, la Cogema, filiale d'Areva, numéro un mondial du nucléaire civil, vient de remporter un contrat d'ingénierie de 40 millions d'euros, pour l'immense chantier de Yucca Mountain, un site situé en plein désert du Nevada, appelé demain à abriter les déchets radioactifs de toute l'industrie nucléaire américaine. Areva fournira une étude sur les conditions d'entreposage des déchets.
Appel au boycott. Une sorte de don du ciel au moment où certains patrons français s'inquiètent de possibles mesures de rétorsion américaines contre les intérêts économiques hexagonaux. L'affaire avait pris récemment une tournure particulière pour la Cogema, puisque l'éditorialiste du New York Times William Safire avait carrément appelé au boycott de l'entreprise française (Libération du 17 avril) dans cette compétition.
Manifestement l'appel n'a pas été entendu par le principal intéressé, le géant américain Bechtel, l'un des leaders mondiaux de l'ingénierie, qui gère pour le compte du gouvernement américain, l'énorme cuisine des appels d'offre du chantier de Yucca Montain. Anne Lauvergeon, ancienne sherpa de François Mitterrand et actuelle PDG d'Areva, n'a pas ménagé sa peine. En février, elle avait fait le déplacement aux Etats-Unis pour rencontrer Spencer Abraham, le secrétaire à l'Energie, et tenter d'arrondir les angles.
Hier soir, sauf coup de t