Un nouveau front dans la guerre commerciale Etats-Unis-Europe vient de s'ouvrir. Après des mois d'intox et des semaines de menaces, les Etats-Unis ont annoncé hier qu'ils allaient déposer une plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre le moratoire européen sur les OGM (organismes génétiquement modifiés). Ce moratoire, adopté depuis 1999 par sept pays de l'Union dont la France «est en violation des règles sur le commerce international», estime Robert Zoellick, représentant américain pour le commerce. Qui ne craint pas de justifier ce bras de fer par un plaidoyer «humaniste» : «Les biotechnologies contribuent à nourrir les populations souffrant de la faim, offrent des occasions énormes pour une amélioration de la santé et contribuent à la protection de l'environnement parce qu'elles permettent de réduire l'érosion des sols et l'utilisation des pesticides.»
Les véritables motivations sont sans doute plus pragmatiques. D'abord, Washington voit dans le refus de «la modernité» des OGM une preuve de plus de «l'obscurantisme» européen. Ensuite, il s'agit de trouver des débouchés au soja et au maïs transgénique de l'industrie biotech américaine, qui multiplie le lobbying tous azimuts. Avec succès...
L'Union européenne a toujours cherché à gagner du temps sur les OGM. Les commissaires européens (santé, agriculture ou commerce) n'ont jamais caché leurs réserves sur le moratoire, jugé politiquement délicat, scientifiquement discutable, et économiquement dommageabl