Le constat est sans ambiguïté : le prix des médicaments dans les pays pauvres peut baisser. Drastiquement. Avec la publication hier de son rapport Medecine Prices, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le prouve. L'objet, présenté en marge de l'assemblée générale annuelle de l'institution, vise à mettre en lumière les inco hérences de tarifs sur les médicaments essentiels, source d'inégalités dans l'accès aux traitements pour les pays les plus pauvres. Et, surtout, à fournir les outils pour faire baisser les prix, en détaillant ce qui, dans le coût d'un traitement, relève de la responsabilité du fabricant ou de l'Etat. «C'est une bombe», résume German Velasquez, promoteur du dossier «accès aux médicaments» à l'OMS, «qui prouve que la question des brevets, qui coince toujours à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), n'est pas le seul motif de blocage de l'accès aux médicaments.»
Lobbies. La sortie d'un tel rapport s'est faite au forceps. «Depuis dix ans, on a tenté de bosser là-dessus, assure un des experts. On s'est sans cesse heurté aux lobbies des labos et de certains Etats qui juraient que ce genre d'étude coûte cher.» Les ONG, qui n'ont jamais manqué de fustiger les lenteurs de l'OMS, saluent l'initiative. Ce manuel est un «outil de transparence devant permettre de faire pression», à la fois sur les gouvernements et les laboratoires pharmaceutiques, assure Bernard Pécoul, coordinateur de la campagne d'accès aux médicaments essentiels de Médecins sans frontières.
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