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Libération
Interview

«Stopper une politique fiscale suicidaire»

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Dans un pays en crise, la grogne sociale gagne contre Schröder.
publié le 21 mai 2003 à 23h04

Berlin de notre correspondante

Chômage. Déficit. Récession. Déflation. Les mots qui fâchent sont lâchés. Serrer les vis, épargner, tailler dans les aides sociales, les réponses apportées par le gouvernement Schröder à la crise ne conviennent pas du tout aux syndicats allemands, qui ont appelé à manifester samedi. Vice-présidente de Ver.di, le syndicat des services devenu le premier syndicat allemand, Magret Mönig-Raane commente la situation.

L'Allemagne a toujours été considérée comme un moteur économique. Comment en est-on arrivé là ?

L'Allemagne est toujours la troisième puissance économique du monde. Notre problème, c'est le marché national. Sa faiblesse a été masquée par nos exportations très fortes. Mais, depuis dix ans, la demande intérieure n'a cessé de reculer. Les investissements publics ont diminué d'un tiers en dix ans. L'Allemagne a opté pour une politique fiscale totalement erronée qui n'a pas encouragé les municipalités à investir.

Diminuer les impôts doit pourtant permettre aux entreprises d'investir davantage...

C'est ce que prétend l'idéologie néolibérale actuelle. Mais, les entreprises n'ont pas du tout investi dans l'économie réelle. Elles ont profité des allégements fiscaux pour placer leur argent dans les produits financiers. Résultat : l'activité économique croît très faiblement, les entreprises n'embauchent pas et le chômage augmente. Il y a moins de rentrées fiscales, et le déficit public augmente. Il faut stopper cette politique fiscale suicidaire, et arr