Gilles de Robien voulait un débat sur la politique des transports. Le ministre a été exaucé. La première séance du débat parlementaire sur les futurs grands travaux d'infrastructures de transport, qui s'est conclue tard dans la nuit de mardi à mercredi à l'Assemblée nationale, «a dépassé le niveau des pâquerettes», se félicite-t-on au ministère, où l'on redoutait que les élus se contentent de plaider pour leurs seuls TGV ou leur autoroute. Certes, François Bayrou a tenté de tirer les larmes de l'hémicycle sur l'abandon de l'Aquitaine par l'Etat, Maxime Gremetz (PC) a plaidé pour la Somme, toujours lésée... Mais le débat a aussi posé les premières pistes et nourri les premières controverses sur le sujet essentiel du financement de la centaine de projets en cours ou dans les tiroirs.
Un audit, publié en mars, avait permis de mesurer le casse-tête budgétaire : il manquait, selon les auditeurs, 11 à 15 milliards d'euros d'ici à 2020 pour financer les réalisations, et encore, en condamnant certains projets, dont la liaison ferroviaire Lyon-Turin ou le canal Nord-Seine. Et si l'on refuse de sacrifier ces projets, ce qui semble être l'hypothèse de travail de Gilles de Robien, il ne manque non plus 15 mais 25 milliards d'euros sur vingt ans, soit 1,2 milliard d'euros à trouver par an. Une somme pour les futurs gouvernements à venir, et a fortiori pour celui en place, qui se trouve bloqué entre les promesses d'allégement fiscal de Jacques Chirac et les clous du pacte de stabilité.