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Libération
Portrait

«Servir du champagne à mach 2»

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publié le 26 mai 2003 à 23h08

Il y a celles qui rêvent d'escales tropicales, de destinations à lagons, trois jours à Hawaii, cinq à Bangkok, puis New Delhi, Honolulu, Singapour... Laurence Mercier, elle, rêvait de «la machine». Quitte à faire New York-Paris, Paris-New York, et rebelote. Ce qu'elle voulait, c'était «servir du champagne à mach 2». Embauchée à Air France en 1997, elle y pense «dès le début», patiente les trois années d'ancienneté requise, puis postule. L'accident de Gonesse en juillet 2000 retarde d'un an ses premiers pas dans «l'oiseau blanc». En 2001, enfin, elle franchit le mur du son.

Il y a un mot qu'elle répète à tout bout de champ, c'est «excellence». «Mise de nappe», service au plateau, le vin à droite, l'eau à gauche, le caviar à température... Tout doit être «parfait». Laurence parle anglais, italien et allemand : trois langues étrangères, le minimum pour faire partie de la «petite famille» des PNC (personnel navigant commercial) Concorde. A part ça, il faut être «rapide, précise, discrète». Intégrer que demander un autographe est la pire faute professionnelle. Comblée d'avoir glané, in extremis, sa petite tranche de rêve, Laurence est une des rares à être peu angoissée par l'avenir. Elle continuera son service sur Boeing 777 (tous les PNC Concorde volaient déjà la moitié du temps sur un autre avion). Deviendra sans doute chef de cabine. Mais n'oubliera pas, jamais, l'uniforme beige délicieusement suranné, les fauteuils en cuir inclinés, ces passagers dont elle devait «deviner les