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Libération
Interview

«Arianespace est en guerre économique»

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publié le 27 mai 2003 à 23h09

Le sort d'Arianespace est aujourd'hui même entre les mains des quinze pays européens de l'Agence spatiale européenne (ESA). Celle-ci doit valider une nouvelle organisation et surtout se décider à signer l'un des plus gros chèques de son histoire au leader mondial des lanceurs. Plus d'un milliard d'euros répartis en 550 millions pour relancer la nouvelle version 10 tonnes d'Ariane 5 ECA après son accident du 11 décembre, puis 314 millions d'euros pour installer définitivement et exploiter le lanceur russe Soyouz à Kourou, et enfin 200 millions de subvention annuelle, entre 2005 et 2009, pour le site guyanais. Après deux années de pertes, Arianespace espère, à ces conditions, pouvoir sauver son lanceur et retrouver l'équilibre financier cette année. Jean-Yves Le Gall, 43 ans, directeur général d'Arianespace, répond à nos questions.

Comment Arianespace en est-elle arrivée là ?

On traverse une crise terrible, comme on n'en a jamais connu. Trois crises se sont superposées. Une de marché d'abord : le nombre de satellites commerciaux s'est effondré avec la crise du secteur des télécoms. De 25 satellites à mettre en orbite en 2000, pour l'ensemble du marché, on est passé à dix cette année. Une crise technique ensuite, avec l'échec du lancement de la nouvelle génération d'Ariane 5 en décembre. Et une crise d'organisation, où la multiplication des niveaux de décision a fait sortir Arianespace des prix du marché.

Est-ce que cela veut dire que le modèle d'Arianespace, qui fait cohabiter le