La débâcle d'Air Lib, qui aura coûté plus de 130 millions d'euros à l'Etat (un prêt de 30 millions d'euros et 100 millions de dettes publiques), est-elle la conséquence de l'incurie de la direction de la compagnie, ou s'explique-t-elle aussi par l'irresponsabilité voire la complicité des pouvoirs publics ? Des individus se sont-ils engraissés au cours de cette Berezina industrielle ? Depuis plusieurs semaines, une commission d'enquête parlementaire remonte le fil de l'histoire Air Lib, décortiquant les prises de décisions politiques, auditionnant à tour de bras les acteurs du film.
Lièvres. Jusqu'à présent, au gré d'auditions fort médiatisées, le président de la commission (Patrick Ollier, UMP) très à l'aise en procureur et son rapporteur (Charles de Courson, UDF) ont levé quelques lièvres. D'abord les rémunérations coquettes des dirigeants et de leurs conseils. Pas moins de 29,5 millions d'euros ont été partagés en seize mois entre la direction, les avocats et banques d'affaires. Auditionné deux fois, Corbet est apparu de plus en plus confus et empêtré (Libération du 15 mai). Mais le commandant de bord moustachu n'est pas seul sur le grill.
Mercredi, l'ex-ministre des Transports Jean-Claude Gayssot et Dominique Bussereau, actuel secrétaire d'Etat aux Transports, répondaient de leur action. Les deux hommes étaient interrogés sur les conditions dans lesquelles ils avaient apporté leur soutien à la compagnie avec l'argent du contribuable. Sous Gayssot, Air Lib a engouffr