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Libération
Interview

Les 35 heures entrent au chantier

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publié le 2 juin 2003 à 23h14

Artisan, Hervé Fabre gère, dans l'Hérault, une entreprise de huit ouvriers spécialisée dans la maçonnerie et la rénovation. Pour revaloriser le métier, il a fait partie des entreprises pionnières dans la région pour la mise en place des 35 heures.

Pourquoi avez-vous devancé l'appel ?

J'avais tellement l'angoisse de la mise en place des 35 heures que j'ai préféré le faire tout de suite car je ne savais pas à quelle sauce nous allions être mangés. Dans une profession comme la nôtre où, malgré toutes les avancées en matière de pénibilité du travail, l'utilisation de matériaux moins toxiques et plus légers, nous faisons un travail dur physiquement, et il est bon de pouvoir se reposer. Et il était légitime de profiter des avantages sociaux des autres professions. J'ai conclu un contrat avec l'Urssaf. Au départ, j'ai reçu 870 francs de subvention par ouvrier et par mois. Mais, comme ma petite entreprise tenait la route en tout cas au niveau bilan, l'Urssaf nous en a retiré la moitié.

Quel rythme de 35 heures avez-vous choisi ?

Les ouvriers sont en congé un vendredi tous les quinze jours. C'était la seule solution car, sur un chantier, la journée de travail ne peut être écourtée.

Deux ans plus tard, comment se porte l'entreprise ?

On est sur la corde raide au niveau de la trésorerie. Le coût des 35 heures est tel qu'il ne nous laisse pas de marge pour investir. C'est toujours très serré, on a 11 % de budget en moins (coût des 4 heures en moins par semaine), et on ne peut pas augmenter le