La chute était annoncée. Elle est seulement venue plus vite que prévu et avec une brutalité inouïe. Moins d'une semaine après la liquidation de la banque Khalifa, fleuron du groupe du jeune milliardaire algérien Abdelmoumène Rafik Khalifa (Libération du 4 juin), c'est l'hallali contre celui qu'on aimait présenter à Alger comme l'icône d'une Algérie nouvelle, décomplexée face au capitalisme après trente ans de socialisme.
«Charlatanisme». C'était l'époque où toute interrogation sur l'origine des fonds du «premier empire privé du pays» suffisait à jeter l'opprobre sur «ceux qui ne supportent pas de voir un Algérien réussir». Aujourd'hui, la violence des mots porte l'estocade contre un groupe qui aurait employé jusqu'à 20 000 personnes dans l'aviation, la banque, l'audiovisuel, le bâtiment ou le sponsoring de clubs sportifs. «Le mythe s'est effondré», s'est exclamé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, martelant que le sauvetage de la banque était «impossible» et qu'en économie «il n'y a pas de place pour le charlatanisme». La presse algérienne n'est pas plus tendre, qualifiant «Moumène» d'«affairiste de bas étage d'une médiocrité affligeante». Et le Quotidien d'Oran de trancher : «Le séisme Khalifa est peut-être la plus grande escroquerie de l'histoire de l'Algérie.»
Elle l'est à coup sûr pour le million et demi de clients qui ont fait confiance à une success story mise en avant pour laver l'image d'un régime accusé des pires exactions pendant une guerre civile qui a déjà fait prè