Antoine peine à saisir le pan extérieur de son pliage pour le rabattre sur la partie supérieure de l'ouvrage. «Chez Framatome, je travaille dans une usine de fabrication de composants lourds pour les réacteurs», justifie ce chef de projet de 47 ans. Une activité bien loin du lièvre qu'il doit confectionner en origami, l'art japonais du pliage de papier. «Dans ce stage de formation, avoue-t-il, c'est la partie jeu de ce matin qui m'inquiétait le plus.» Le jeu, c'est Shogun : une plongée dans le Japon du XVIIe siècle pour une dizaine de cadres en formation. Proposé par la Cegos, organisme de conseil et de formation, il veut tester la réactivité des cadres en période de stress.
«Un fils d'illustre famille s'est autoproclamé shogun, chef de guerre, déclame l'animateur Louis-Henri de La Roussière. Votre objectif : lui présenter un projet de fête somptueuse avant la fin de la saison des camélias.» Clin d'oeil : «Et sans rétroprojecteur ! A l'époque, ça n'existait pas...»
Deux équipes sont constituées, dont les chefs sont rapidement baptisés Tang Hô et Yoso Shimo. Un cadre de la Sécurité sociale est bombardé expert cartographe. Un responsable de la Régie des eaux est promu à la culture. En deux heures et demie, les stagiaires doivent mettre au point la logistique pour réussir la fête du shogun : prévoir l'acheminement des troupes de théâtre et des costumes en évitant pirates et tempêtes, gérer un budget serré de 13 000 «kobans» et faire confectionner des pliages en papier japonais pa