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Libération

Les cadres font joujou

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Quilles de bois, Lego, ours en peluche.. Pour ressouder des équipes ou réussir une fusion, les entreprises font jouer leurs salariés.
publié le 10 juin 2003 à 23h20

Une salle pleine d'ours en peluche, de voiturettes, de Lego et de solitaires, c'est la dernière trouvaille de Cap Gemini Ernst & Young : enfermer une poignée de cadres dans un grand parc à jouets et attendre qu'en sortent des idées lumineuses sur les fusions-acquisitions à venir ou sur le bouclage d'un prochain business plan. Inspirés de la méthode Montessori (pédagogie concernant l'enfant de moins de 7 ans), les Accelerated Solution Environnement (ASE) veulent développer l'usage de tous les sens pour stimuler la concentration et l'imagination des salariés.

Dans les années 80, on jouait à se faire peur, en sautant en élastique ou en descendant un rapide en rafting avec son collègue expert-comptable. Aujourd'hui, on tente de débloquer le salarié par l'intime, énième avatar de la psychologisation des rapports au travail. Après avoir exigé toujours plus de rationalité, l'entreprise cherche à susciter un nouvel élan, en titillant la part sensible de son personnel.

Eveil des sens. Méprisé il y a quinze ans, galvaudé à l'heure du «tout-jeu» au milieu des années 90, la formation par le jeu est donc appelée à la rescousse pour réveiller le plaisir et l'émoi du joueur qui sommeille en tout employé. «Le jeu est un des seuls outils qui permettent de toucher à l'émotionnel, indispensable pour accompagner un processus de changement : passage à l'euro, complexification d'une tâche..., estime Chantal Barthélemy-Ruiz, professeure en sciences du jeu à l'université Paris-Nord. Il fait sauter de