D'origine sénégalaise, Michel, 37 ans, est infirmier dans un hôpital qui s'occupe principalement de personnes âgées dépendantes en milieu rural.
«Je suis sénégalais et j'ai fait mes études en France. Après l'école d'infirmiers, j'ai trouvé du travail tout de suite. Je n'avais pas envie de retourner dans mon pays d'origine. J'ai une spécialité en gériatrie. C'est un métier très dur, mais si j'étais cynique, je dirais qu'il est plein d'avenir. Les maisons de retraite, les hôpitaux recrutent à tour de bras. Je peux dire que ce n'est pas donné à tout le monde de travailler avec des personnes âgées, ou très âgées, malades. Entre celles qui ne peuvent plus se lever, ni manger seules, ni faire leurs besoins, et celles qui tiennent encore le coup physiquement mais qui sont désorientées voire parfois complètement perdues ou agressives, on voit des choses pas toujours sympathiques. Mais on tient le coup, parce que c'est un métier très humain. Nos "vieux", comme on les appelle entre nous, on les aime bien.
«Enfin, moi je commence à être un peu lassé. Je suis sénégalais, donc noir, et ça crée des difficultés assez régulièrement avec certains pensionnaires. Je suis en milieu rural, avec des gens qui n'ont pas toujours eu l'habitude durant leur vie de croiser des étrangers, de vivre avec eux. Alors parfois, certains malades refusent que je les touche. Je passe sur les insultes que je reçois. De nombreux pensionnaires souffrent d'Alzheimer, ils ne se maîtrisent plus toujours. La preuve c'est