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Libération

Un coffre à jouets pour tous les maux

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Stimuler l'esprit de compétition ou provoquer des confidences intimes. Visite au rayon jouets d'entreprise.
publié le 10 juin 2003 à 23h20

Le tao et le sablier

Rapporté du Tibet dans les années 80, réadapté par un bataillon de psychologues, de sémiologues, de conteurs ou de chefs d'entreprise, le tao, pratiqué par quelques dizaines d'adeptes en France, tente de s'imposer en entreprise. Paré d'un sablier et d'une pierre en guise de pion, le joueur pioche à chaque case du tapis de jeu une carte. Sur celle-ci, un aphorisme à commenter («Ce qui démarre en trombe peut s'épuiser très vite»), un conseil à écouter («Fais ou écoute de la musique») ou un défi à relever : réciter un poème de son cru à ses camarades de jeu, disserter sur sa vie personnelle. Pas d'esprit de compétition ou de dépassement de soi. Entre deux phrases rituelles tendance zen, chacun participe à faire avancer la «quête» de l'autre. Ou celle de son entreprise. Pour créer des chartes de partenariat ou pour régler des conflits, il s'agit avant tout de rendre les relations entre salariés plus intimes. «Après une partie de tao, vous connaîtrez les gens de votre table mieux que vos parents», promet un formateur en tao aux salariés de Bouygues et de la SNCF venus créer une «charte de bonne conduite» pour un futur chantier commun. On demande à un costaud son meilleur souvenir d'école : «Les matchs de rugby dans la cour de récréation.» Vite traduit par une tao animatrice : «Dans ta réponse, j'ai entendu solidarité, j'ai entendu faire face à l'adversité. Je te remercie.» De ces déclarations de bonne volonté sont nés 70 articles de la charte : «Instituer le t