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Libération

«Assez d'être payé au Smic, et bientôt encore moins que cela»

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Etats d'âme d'un petit céréalier face à la réforme.
publié le 11 juin 2003 à 23h20

Romainville envoyé spécial

Michel Masson, agriculteur à Romainville (Loiret), n'est pas loin de craquer. Arrière-petit-fils, petit-fils et fils de paysan, ce costaud de 44 ans, qui exploite 120 hectares de céréales entre Beauce et Brie, pourrait bien mettre les pouces face à la baisse imminente des subventions de la politique agricole commune que prépare Franz Fischler, le commissaire européen à l'Agriculture. Cette baisse risque de faire très mal aux revenus des céréaliers tricolores qui passent pour les principaux bénéficiaires de la PAC, notamment les plus gros. «Certains d'entre eux touchent 3 euros d'aides pour 1 euro de revenu. Moi, j'ai 15 000 euros de revenus annuels et 38 000 euros d'aides publiques», calcule Michel Masson sur la terrasse de sa solide maison gâtinaise ouvrant sur des champs de blé et d'orge. Un tel niveau de subventions ne pouvait pas échapper à la cure d'austérité voulue par Bruxelles.

«Métier difficile». Notre homme sera peut-être définitivement fixé sur son sort dans les jours qui viennent, dans la foulée des réunions qui se tiennent aujourd'hui et demain à Luxembourg. En attendant, sa religion est déjà faite : «Si la réforme Fischler est votée en l'état, je n'ai plus qu'à arrêter mon exploitation. Le métier est devenu difficile, il va devenir impossible», explique tranquillement cet élu régional de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Coup de bluff syndical d'un céréalier enrichi par les aides publiques qui voit l