Pékin de notre correspondant
La biographie de Zhou Zhengyi est de celles dont on fait les légendes des tycoons d'Asie. En moins de quinze ans, ce fils d'une famille ouvrière est passé du statut de vendeur de raviolis chinois dans la rue à celui d'homme le plus riche de Shanghai, la grande métropole de l'est de la Chine, vitrine du nouveau capitalisme chinois. Zhou est également la onzième fortune du pays, selon le classement 2002 du magazine Forbes. Jusqu'à sa chute, la semaine dernière, et son arrestation dans le cadre d'une enquête sur des emprunts bancaires frauduleux du groupe Nongkai, son empire immobilier.
L'affaire secoue d'autant plus la Chine qu'elle a des ramifications nombreuses, provoquant l'éviction du président de la filiale à Hongkong de la Bank of China, première banque d'Etat. Et surtout, elle éclabousse le «clan des Shanghaïens», les membres de la haute hiérarchie du Parti communiste chinois liés à l'ancien président Jiang Zemin, parti à la retraite il y a trois mois mais toujours à la tête de l'armée. «En Chine, une affaire de ce type s'arrête normalement très facilement. Si on la laisse aller à son terme, c'est parce qu'elle sert des intérêts politiques puissants, et notamment ceux du nouveau président, Hu Jintao», estime un observateur étranger à Pékin.
Corruption. Visiblement, Zhou ne s'attendait pas à une chute si rapide. Quelques jours avant son arrestation, il avait offert à grand renfort de publicité quelque 20 millions de yuans (2,2 millions d'euros)