En 2020, que l'on soit salarié du privé ou agent du public, il faudra travailler 42 ans pour toucher une retraite à taux plein. Cet allongement de la durée de la vie active est l'un des piliers de la réforme Fillon, actuellement en débat à l'Assemblée. Mais comment imaginer travailler 42 ans quand ni les entreprises, ni les conditions de travail, ni les aspirations des salariés ne permettent vraiment de réaliser de telles carrières ?
Tout d'abord, la réforme se heurte à une réalité statistique : près des deux tiers des salariés quittent aujourd'hui le monde du travail avant d'avoir atteint 60 ans, âge légal de la retraite. Les «seniors» ne sont pas les bienvenus dans les entreprises, qui les trouvent peu adaptables et parfois trop chers. On préfère alors les licencier ou leur offrir des préretraites pour rajeunir les effectifs.
Pour l'instant, rien n'est fait, ou si peu, pour inverser cette tendance : les entreprises ne changent guère leur organisation du travail afin d'accueillir des salariés plus âgés. Des adaptations de postes sont nécessaires, pas forcément compliquées à mettre en oeuvre, selon l'ergonome Serge Volkoff (lire interview page ci -contre), mais rarement entreprises par les directions. Le secteur public ne donne pas non plus le bon exemple, préférant distribuer des préretraites à tour de bras.
Précarité. Plus concrètement, la réforme Fillon se heurte aux nouvelles formes de travail. Depuis la crise économique, la précarité est devenue la règle p