Les armées découvrent les joies du privé... même si au ministère de la Défense on ne parle pas de «privatisation» mais d'«externalisation». En France, plus de 15 % du budget de fonctionnement des armées (soit environ 2,5 milliards d'euros) sont désormais consacrés à ces activités sous-traitées.
Il y a d'abord le tout-venant de la vie militaire : comme il n'y a plus d'appelés pour balayer la cour des casernes, les régiments font appel à des sociétés paysagères. A l'entrée de l'arsenal de Cherbourg ou de l'école militaire à Paris, le filtrage est assuré par des entreprises privées de gardiennage.
La privatisation des activités militaires gagne désormais des domaines plus stratégiques. Faute d'avions-cargos, l'armée de l'air française affrète régulièrement des énormes Antonov 124 russes ou ukrainiens pour transporter son matériel. Le déploiement en cours au Congo exige ainsi une quarantaine de rotations de ces gros-porteurs, à environ 80 000 dollars le vol. Des entreprises, comme Air Foyle Heavy Lift, basée en Grande-Bretagne, prospèrent dans ce secteur.
Inquiétude. Ces locations réservent parfois de mauvaises surprises. Le 26 mai, un Yakovlev 42 en piteux état, appartenant à une compagnie ukrainienne, s'est écrasé en Turquie. A son bord, 62 militaires espagnols qui rentraient d'une mission en Afghanistan.
En février 2002, dans un rapport parlementaire, le député Michel Dasseux (PS) s'interrogeait sur les risques de ce mouvement d'externalisation en matière de «fiabilité» et recomm