Julien, 40 ans, est rentier. Ne pas travailler le met dans une position parfois difficile à vivre en société.
«J'ai vendu mon entreprise il y a maintenant cinq ans. Au début, je ne pensais pas m'arrêter de travailler, je paniquais à l'idée de combler tout ce temps libre qui s'offrait à moi. Ce qui me terrorisait le plus, c'était l'idée de me retrouver muet dans les dîners en ville, ne pas pouvoir répondre à la question : "Et vous, vous faites quoi comme métier ?" Dire : "Rien, je profite de l'air du temps", était au-dessus de mes forces.
«Mon autre problème était ma mère. Impensable pour elle que je ne travaille pas. Pas financièrement, j'avais largement de quoi vivre et pour un bon moment, ayant très bien vendu, à un grand groupe de télécommunications, l'entreprise que j'avais créée. Pour elle, l'angoisse était le qu'en-dira-t-on, ne pas vanter, lors des "piapias "avec ses copines, les qualités professionnelles de son fils chéri. Aujourd'hui, quand j'ai mes parents au téléphone, ils me demandent toujours si j'ai remonté une boîte. Ils sont d'une génération où l'homme doit travailler et pas la femme. J'en suis donc arrivé à cacher la vérité à ma mère. Durant un temps, j'ai branché un répondeur téléphonique où une voix douce de secrétaire signalait mon indisponibilité et demandait de laisser un message.
«Puis, petit à petit, je me suis habitué au farniente, je l'ai mieux assumé. J'ai pris un bureau indépendant pour ne pas rester chez moi. J'élabore des projets dans ma tête et je