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Libération

Un match de foot pour un bon plan social

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Les syndicats, eux aussi, ont compris l'impact des médias.
publié le 23 juin 2003 à 23h30

Le 6 mars, ils déboulent à cinq cents dans le magasin Décathlon de Saint-Denis, en banlieue parisienne. «Patrons-voyous, en taule !», scandent ces salariés ou récents licenciés, jetant à terre les articles fabriqués hors de France. «Une fois l'opération terminée, il ne restait plus grand-chose sur les portants, à part quelques chaussettes made in France», raconte Khena Boulou, de la CGT.

En montant cette opération coup de poing, la fédération textile CGT voulait montrer que la grande distribution, quand elle s'approvisionne à l'étranger, encourage les délocalisations en France. Mais le syndicat cherchait surtout à attirer la presse et les caméras. Les rédactions ont été méthodiquement alertées par fax. L'idée du happening est venue de la base. Alors patron de la CGT textile-habillement, Christian Larose raconte : «Les filles m'ont dit : "Tes colloques et tes manifestations, on n'en veut plus. Trouve autre chose. On parle des agriculteurs et des fonctionnaires, mais nos métiers féminisés de l'industrie du textile peuvent crever en silence. Personne ne fera rien."»

Faire pression. Attirer l'attention pour sortir de l'isolement : les actions collectives spectaculaires se multiplient pour se faire entendre des médias, donc des pouvoirs publics. «On n'a pas les moyens des gars de la SNCF ou d'EDF, note Khena Boulou. Si on veut un plan social de qualité, il faut savoir faire pression, comme à Cellatex.» A l'été 2000, les salariés de cette filature de Givet (Ardennes), condamnée à la