Menu
Libération

«Vous avez bien cinq minutes pour m'écouter !»

Article réservé aux abonnés
publié le 23 juin 2003 à 23h30

Chaque semaine, Libération reçoit plusieurs coups de téléphone et mails de salariés ou de syndicalistes. Certains signalent une grève ou un futur plan social, d'autres parlent de leur cas personnel, de leur souffrance ou leur indignation. Les plus déterminés se présentent au journal, dans l'espoir d'être reçus. Témoignages.

Laurent, 35 ans conseiller informatique

Il est venu sur le coup de la colère. A l'accueil de Libération, il a demandé à parler à un journaliste. Les mots se sont bousculés. «Les syndicats chez nous, ils sont complètement à la ramasse, impuissants. L'inspectrice du travail, à chaque fois que je l'ai au téléphone, elle rigole. Je lui demande s'il va y avoir un plan social, elle explose de rire. Il n'y a plus que la presse, c'est le seul bastion.» Laurent (1), 35 ans, conseiller en informatique sur une plate-forme téléphonique, sortait d'une réunion. Quarante des 200 salariés qui travaillent avec lui venaient d'apprendre leur mutation forcée. Lui ne faisait pas partie du lot, mais voulait «témoigner». «Ils délocalisent notre call center en Tunisie. Là-bas, ils bossent 50 heures par mois pour 300 euros. Nous, on coûte trop cher. Comme ils ne veulent pas faire de plan social, ils nous proposent des mutations aberrantes au sein du groupe: par exemple, ils demandent à un conseiller informatique de prendre des commandes de pizzas. Si on refuse, ils licencient pour faute grave. Même si on va aux prud'hommes, on perd notre job.» Laurent pense qu'un article de presse