Salauds de grévistes, décidément. Non contents de s'être agacés d'une réforme des retraites pourtant vendue comme «équitable» par le gouvernement, les voilà responsables de la chute de la consommation en mai. C'est du moins l'opinion de Renaud Dutreil, le secrétaire d'Etat aux PME. De fait, avec 1,6 % de baisse par rapport au mois d'avril, selon les chiffres rendus publics par l'Insee hier, les ménages n'ont pas fait flamber leurs cartes bancaires le mois dernier. Un signe plutôt inquiétant, alors que la consommation soutenait jusque-là la maigre croissance du pays. Pour Renaud Dutreil, «il faut bien savoir que lorsque le pays s'arrête de travailler, lorsqu'un certain nombre d'activités sont entravées, c'est toute la croissance de l'économie qui est perturbée».
Les économistes, eux, sont moins catégoriques. «C'est difficile à dire, estime Dominique Barbet, de BNP Paribas. On peut aussi penser que les grèves ont provoqué un report de la consommation d'un jour à l'autre ou d'un magasin à un autre.» D'autres facteurs exceptionnels pourraient aussi expliquer ce décrochage, comme la météo «brouillonne» incitant le chaland à repousser un peu ses achats de tongs et maillots de bain, ou encore les trois ponts du mois, même si l'Insee est censé corriger au moins partiellement ce phénomène.
Crainte de spirale. Reste ce chiffre, la baisse la plus importante de la consommation depuis l'été 1999, qui s'ajoute aux mauvais signes persistants : investissement des entreprises en rade, hausse c