Berlin de notre correspondante
Samedi, 19 h 59. Kaufhof, le grand magasin de l'Alexanderplatz à Berlin, pousse ses derniers clients vers la sortie. Munis de leur sac vert bouteille, les clients traversent «Alex» (le diminutif de l'Alexanderplatz) à grands pas. Un samedi comme les autres ? Non. Jusqu'à il y a trois semaines, les Allemands ne pouvaient pas faire leurs courses le samedi après 16 heures. A moins d'aller dans les supérettes des gares, ouvertes tous les jours, y compris le dimanche. Ici, le «long samedi» est vécu comme une révolution, acquise de haute lutte, après des années de guérilla. Et surtout comme un moyen, pour la grande distribution, de relancer une consommation chancelante.
«Normal». Les Allemands vont-ils répondre à l'appel du tiroir-caisse ? «C'est quand même normal pour une ville qui prétend être une capitale mondiale d'ouvrir les magasins jusqu'à 20 heures le samedi, s'exclame Jeannette, une Berlinoise de l'Est qui a émigré à l'Ouest en 1986. L'économie ne va pas bien, alors ce n'est pas le moment de s'endormir. Du temps de la RDA, c'était bien ouvert le samedi, et même parfois le dimanche, et l'on ne faisait pas un foin pareil.» Le personnel, lui, ne voit pas la libéralisation des horaires avec le même enthousiasme. «Pour les touristes, c'est formidable, estime Thomas Fritsch, caissier au service photo du rez-de-chaussée. Mais pour la vie de famille, ce n'est pas terrible. Ma femme travaille dans un magasin à Tegel (Nord de Berlin), et si on n'a pas l