Laurent était ébéniste, Céline travaillait dans l'insertion. Ne supportant pas de rester enfermé dans l'atelier, il s'est lancé dans la vigne. Quinze ans après, leur domaine produit de très beaux blancs, près de Mâcon, à Loché, où vivaient leurs parents. Ceux de Laurent Tripoz étaient métayers du châtelain. «Ils ont miséré toute leur vie, tirant le diable par la queue», explique Céline. Ils ne voulaient pas que leur fils revienne à la terre. Le président de la cave coopérative l'y a au contraire poussé, au milieu des années 80. La demande était forte, il suffisait de produire pour vendre. Laurent a passé un brevet professionnel agricole, appris la taille, la vinification, quelques rudiments de chimie, de la compta, de la gestion. Un stage en Alsace a ponctué sa formation. Il a ensuite récupéré 1,5 hectare du président de la cave, loué quelques autres terres et s'est mis au travail.
«Débarquant dans la vigne, je me posais beaucoup de questions, je ne reproduisais pas tout ce que faisaient les autres.» Il constate par exemple que dans la région, on taille «en arcure» (en attachant la vigne à une baguette arquée). Personne n'étant capable de lui expliquer l'avantage, il opte pour une taille plus simple, que d'autres reprennent aujourd'hui. «N'avoir ni capital ni héritage technique nous a imposé une exigence extrême, une pratique très scrupuleuse», complète Céline. Dix ans après Laurent, elle est devenue à son tour jeune agricultrice (statut permettant de bénéficier d'aides spé