Vous avez dit «criminalisation» de l'action syndicale ? En voici un exemple. La scène se passe à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), en octobre 2002. Comme chaque mois, quelques employés de la mairie, militants de Sud, distribuent au personnel municipal une petite bande dessinée satyrique, intitulée les Tribulations de l'attaché catégorie C. Au verso, sont déclinées les revendications du syndicat en matière de formation professionnelle. La BD, qui se déroule «quelque part dans une ville de France», met en scène un roi (ou une reine ?) ultra-autoritaire qui refuse des formations à ses sujets-employés.
«Cette BD avait pour but de se démarquer des habituels supports syndicaux et de dénoncer les abus de pouvoir que peuvent rencontrer les agents de collectivités territoriales», explique-t-on à Sud. Dans la dernière case, on voit sa majesté rêvasser à la fenêtre de son château : «Ah !, Malte, New York, les Caraïbes ! Tout ça aux frais de la princesse !»
Certes, la charge n'est pas très fine et, surtout, ne repose sur aucune preuve. Il n'en fallait pas plus pour que la sénatrice-maire UMP, Nelly Olin, se sente «profondément peinée» et porte plainte pour «diffamation» devant le tribunal de Pontoise. «On pensait que c'était juste pour nous mettre la pression, raconte Nadia, l'une des responsables de Sud. On croyait que c'était impossible de se faire condamner pour une petite BD qui avait un certain succès parmi les employés communaux.» Raté. Le 20 mai, les sept prévenus se voient condamné