Dans les années 70, ils partaient la fleur au fusil s'installer à la campagne et reprendre des exploitations agricoles. Ces néoruraux, parfois sans aucune expérience, se sont heurtés aux réalités du monde rural. Certains ont même dû reprendre le chemin de la ville. A cette époque, les collectivités locales n'encourageaient ni ne conseillaient les candidats à l'installation. «La désertification n'était pas un problème, explique Michel, syndicaliste agricole en Lorraine. Les gens partaient des fermes pour aller en ville. Aujourd'hui, on est vraiment inquiet quand on voit que des villages ne sont plus habités que par des vieux ou des vacanciers quinze jours par an.»
Certains territoires ont compris qu'il était urgent de se donner les moyens financiers et humains de favoriser ces retours à la campagne. Le secteur agricole s'est ainsi organisé en proposant des aides spécifiques, des formations, des relais d'accueil aux citadins qui rêvent de devenir fermiers ou viticulteurs (lire ci-contre). Mais les difficultés ne disparaissent pas pour autant. La terre reste très chère et le monde agricole, dans certaines régions, très fermé. «Les babas cool des années 70 avaient le courage chevillé au corps, dit Annick, agricultrice en Haute-Savoie et conseillère municipale de son village. Aujourd'hui, les gens qui viennent après une première vie professionnelle passée en ville, parfois avec des enfants, n'ont pas envie de repartir à l'âge de pierre juste pour le plaisir d'être à la campagne.»
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