Menu
Libération

Les néovignerons

Article réservé aux abonnés
La vigne attire toujours plus de candidats. Pour les néophytes, le parcours est difficile, entre exigences économiques et reconnaissance du milieu professionnel.
publié le 30 juin 2003 à 23h36

Ils racontent leurs nouveaux bonheurs : un lièvre qui détale dans la vigne ; l'odeur de cassis dans la maison quand le raisin quitte la cuve. Emotions apaisantes au milieu de leurs nouveaux doutes. La grêle, l'orage et les maladies de la vigne. La dette, les traites et les caprices du marché. Angoisses nouvelles pour convertis. Ils étaient pâtissier, ébéniste, psychologue, avocat, restaurateur. Ils ont tout plaqué pour faire du vin. «Il n'y a aucun recensement précis, indique Jérôme Villaret, directeur du service économique d'Inter-Rhône. Mais chez nous par exemple, ils s'installent à flux continu. Souvent des sommeliers ou des restaurateurs, j'imagine que goûter le vin ne leur suffit plus.»

La vallée du Rhône a surtout été prise d'assaut dans les années 80. Le Languedoc vit la même fièvre aujourd'hui et accueille un grand nombre de ces nouveaux venus. Beaucoup renonceront, épuisés ou ruinés. Les autres revivifient le milieu, par leur passion et leur inexpérience. Ils démarrent vierges, se posent plein de questions. Interrogent les pratiques, en tentant de ne pas reproduire les défauts des aînés.

Une typologie sommaire distingue trois profils de néovignerons. D'abord les plus riches. Banquiers, avocats ou chefs d'entreprise, ils investissent lourdement, ce qui limite les risques et la fatigue. Ils reprennent des domaines, dans des appellations flatteuses. Deuxième catégorie, les «propriétaires distants» : fils ou petite-fille de viticulteur, ils n'ont jamais travaillé la terre