Avenue Kléber, derrière les Champs-Elysées : le siège d'Alstom. Dans les salons de cuir, des hommes en costume attendent leur rendez-vous, l'hôtesse blonde à l'accueil scrute les portes d'entrée et le rideau de fer est descendu. A l'extérieur, Jean-Michel, un gabarit de lutteur, refait la décoration de la devanture avec des autocollants CFDT. «Vous voyez comme on est reçu, c'est honteux !» s'exclame-t-il. Il a quitté Grenoble à 5 h 20 du matin, un TGV Alstom l'a transporté jusque Paris pour manifester «contre le démantèlement du groupe et les suppressions d'emplois». «Comme les actionnaires, nous voulons gagner de l'argent» ajoute-t-il.
Echange. Chez Alstom, on manifeste en famille, une famille qui dépasse les frontières de l'Hexagone. Un cortège de plus de 2 200 salariés venus en cars ou en trains d'Allemagne, de Belgique, d'Angleterre, d'Espagne, d'Italie et même de Pologne. Un bloc européen, avec échange de maillots britanniques Amicus contre casquettes CGT. Puisque les suppressions d'emplois touchent toutes les usines : de Mannheim à Belfort en passant par Valence et Liège. En mars, le PDG Patrick Kron a annoncé un plan de redressement après des pertes de 1,43 milliard d'euros. Il y a une dizaine de jours, le chiffre de 5 000 suppressions d'emplois, dont 2 000 en France, a été confirmé sur 118 000 salariés dans le monde, dans 70 pays. «Si vous aviez connu Belfort avec Alstom, c'était quelque chose !», se désole Catell, cégétiste, 29 ans de service à Belfort, usine qui d