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Libération

Dans les assurances, le polar finit aux prud'hommes

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Le cadre écrit un livre où le patron se reconnaît. Licenciement.
publié le 4 juillet 2003 à 23h41

Lorient, envoyé spécial.

Règlement de comptes ou oeuvre de fiction ? Le conseil des prud'hommes de Lorient avait un cas particulièrement délicat à examiner, hier, en se penchant sur un roman policier ayant valu à son auteur, ancien cadre de la société d'assurances CFDP (Compagnie française de défense et protection), un licenciement pour faute grave le 28 janvier.

Dans Petits meurtres entre associés, paru en octobre 2002 aux éditions Maxima, Bruno Perera décrit, en effet, par le menu les turpitudes d'une société d'assurances, agrémentées de quelques homicides. Or, malgré des noms imaginaires, un certain nombre de salariés allaient se reconnaître dans les descriptions souvent peu amènes des personnages du livre, ce qui allait provoquer une jolie pagaille dans l'entreprise.

Yeux porcins. Telle secrétaire allait ainsi se voir sous les traits d'une blonde sans cerveau. Le PDG était, lui-même, décrit comme une figure au «visage légèrement bouffi [...] avec des petits yeux noirs porcins et ternes au fond». Sans compter l'informaticien pervers, l'employé alcoolique et les péripéties amoureuses... Autant de susceptibilités mal placées, s'est défendu au moment de la polémique Bruno Perera, arguant avoir voulu faire oeuvre de pure imagination.

Vie privée. Devant le conseil des prud'hommes, son avocat, Patrick Elghozi, a repris cette argumentation, se demandant en quoi l'écriture d'un roman pouvait constituer une faute grave... «Il s'agit d'une oeuvre littéraire relevant de la vie privée et