Menu
Libération
Interview

«Une conception minimaliste risque de l'emporter»

Article réservé aux abonnés
publié le 19 juillet 2003 à 0h06

Jean Pisani-Ferry, professeur d'économie à l'université de Paris-Dauphine, est l'un des coauteurs du rapport à Romano Prodi «Un programme pour une Europe en croissance», sous la direction d'André Sapir, professeur à l'université de Bruxelles.

Vous attendiez-vous à ce que votre travail suscite des réactions aussi violentes ?

Je suis un peu étonné de la tonalité du débat. Cela tient aux circonstances, par exemple au fait que les commissaires sont plongés dans l'exercice budgétaire et ont des préoccupations immédiates. Notre but était de formuler des propositions pour les quinze prochaines années, c'est cela qui choque.

Vous proposez de revoir le Pacte de stabilité en pleine polémique sur ce sujet entre la Commission et certains pays membres...

Nous ne discutons pas de ce qu'il faut faire dans l'immédiat, mais à moyen terme. Nous proposons trois pistes de réflexion. 1/Revoir les «conditions exceptionnelles» qui conduisent à suspendre la règle des 3 % [limitation du déficit public à 3 % du PIB, ndlr]. Actuellement, il faut une baisse du PIB de 2 %, ce qui n'est jamais arrivé en France depuis cinquante ans. Il faudrait mentionner simplement «une baisse du PIB». 2/Apprécier différemment les situations selon le stock de dettes des pays. La République tchèque va entrer dans l'Union avec une dette de 25 % de son PIB. Comment lui refuser de recourir modérément au déficit dans le but de s'équiper et de nous rattraper ? 3/Trouver une symétrie. Il y a des sanctions pour les déficits, mais pa