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Libération

A Lille, l'ex-Seïta claque la porte

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Grève chez Altadis après l'annonce de la fermeture du site.
publié le 25 juillet 2003 à 0h19

Lille de notre correspondante

Ça sent encore le tabac quand on franchit les portes de l'usine, dans le quartier populaire de Fives, à Lille. A Altadis, que tout le monde appelle encore Seita, on fabrique 11 milliards de brunes et 8 milliards de blondes par an. Dans deux ans, ça ne sentira plus rien : on ne fabriquera plus de cigarettes à Lille, le groupe Altadis l'a annoncé mercredi. Hier, sur le site, les ouvriers tentaient d'encaisser la nouvelle, abasourdis. «On est encore salarié, payé, on travaille. On n'arrive pas à réaliser que c'est fini. Mais hier (mercredi, ndlr), quand ils l'ont annoncé, on a vu des larmes dans l'atelier, et au vestiaire, raconte un ouvrier. Des femmes mais aussi des hommes, qui pleuraient.»

Ça avait commencé par des bruits de couloirs, il y a une quinzaine de jours. Une rumeur persistante : «Lille va fermer.» Et pour une fois, la direction n'a pas démenti. Mercredi sous la verrière de la salle des pas perdus, les ouvriers avaient débrayé, le temps de la réunion du comité central d'entreprise qui devait trancher sur leur sort. Quand la nouvelle est tombée, ils n'ont pas repris le travail.

«Décision brutale». Hier matin, à l'issue du conseil des ministres, Jean-Pierre Raffarin s'est dit «choqué par cette décision». A midi, dans le local du comité d'entreprise, les délégués mordaient dans leurs sandwichs au pâté : «Ah bon, Raffarin nous soutient ? Ça fout les boules, quand on sait qu'il est en train de foutre par terre la France d'en bas...» Pour Phili