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Libération

A Morlaix, la «Manu» part en fumée

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Fondée en 1736, l'usine de cigarillos disparaîtra en août 2004.
publié le 25 juillet 2003 à 0h19

Rennes, correspondance.

La célèbre manufacture de tabacs bretonne se savait en sursis. En 1999, déjà, la production de cigarillos à Morlaix avait été maintenue in extremis. Cette fois, avec une fermeture définitive programmée pour août 2004, elle se sait condamnée. Près de trois siècles après sa création, en 1736, sur décision de Louis XV.

Effectif érodé. Pour les 37 derniers salariés de l'entreprise, dont 25 femmes, âgées pour la plupart de 50 à 53 ans, c'est la tristesse et l'inquiétude. «La manufacture a toujours bénéficié d'un très fort attachement sentimental, souligne Jean-Luc Le Calvez, délégué CGT. Ici, tout le monde a un proche, un parent qui y a travaillé. Pendant longtemps elle a représenté pour cette ville un poids économique et social inégalé.»

Au début du XXe siècle, elle comptait 1 800 employés. Un effectif qui n'a cessé de s'éroder au fil des décennies pour tomber à 172 en 1999. Le groupe Altadis envisage alors de transférer l'ensemble de l'activité à Strasbourg. Mais la ville se mobilise, à commencer par le conseil municipal où siège Marylise Lebranchu, alors ministre dans le gouvernement Jospin. Finalement un «atelier décentralisé», rattaché à Strasbourg, est maintenu avec un quart des effectifs. Pourtant, avec un personnel vieillissant, sans embauche ni investissement sur le site, personne ne se faisait guère d'illusions.

«La fermeture de l'unité de Morlaix est un mauvais choix, estime Jean-Luc Le Calvez. Compte tenu du savoir-faire particulier qui existe ici