Pedro Solbes, le commissaire européen aux Affaires économiques, pourrait s'offrir une petite statue symbolisant le Pacte de stabilité et de croissance. Il la placerait sous une cloche en verre inviolable. Dans son bureau, défileraient, armés de pics à glace, les chefs d'Etat européens, Jacques Chirac en tête, d'autres commissaires, comme le Français Pascal Lamy (commissaire extérieur au Commerce) et même Romano Prodi, le président de la Commission. Mais c'est à peine si on pourrait relever quelques rayures sur la vitre. Le Pacte resterait indéboulonnable. C'est tout le paradoxe auquel on assiste aujourd'hui : attaqué de toutes parts, qualifié de «stupide» par Romano Prodi lui-même, accusé de brider la croissance économique en contraignant les politiques des Etats, le Pacte de stabilité semble intouchable.
Alors que les deux principales économies de la zone euro, l'Allemagne et la France, s'apprêtent à le violer en 2004 pour la troisième année consécutive, sa crédibilité est désormais en jeu. Nombre d'économistes et de politiques, toutes tendances et nationalités confondues, estiment qu'il est devenu urgent d'ouvrir un débat sur cette limite que s'est imposée (sous la pression de l'Allemagne) l'Union européenne. La plupart précisent qu'il ne s'agit pas de remettre en cause une discipline dans les finances publiques dès lors que certains pays se sont regroupés pour former une union monétaire, mais plutôt de rediscuter ses modalités.
Les propositions de réforme ne manquent pas :