Lyon de notre correspondant
Le beaujolais nage en plein paradoxe. Plongés dans une crise viticole sans précédent, ses vignerons se préparent à récolter l'un des plus beaux millésimes de leur histoire. Les raisins sont si précoces qu'il sera difficile de trouver assez de bras pour les ramasser. Les oenologues prévoient en effet des vendanges dès le 25 août, au lieu de mi-septembre. Dans le même temps, l'inspection du travail a décidé cette année de freiner l'embauche de Polonais, pour cause de chômage français.
Peu d'étudiants. Les machines à vendanger étant interdites dans le Beaujolais, il faut trouver en urgence 40 000 pai res de bras prêtes à se mobiliser. La main-d'oeuvre locale ne suffisant pas, l'ANPE met en place depuis quelques années une cellule spéciale. Les étudiants étant de moins en moins nombreux (pour cause de rentrées universitaires précoces elles aussi), il faut prospecter ailleurs. Six personnes (dont deux payées par l'Union viticole) travaillent donc d'arrache-pied. Trois démarchent les viticulteurs pour cerner les besoins restant à couvrir. Les autres partent à la pêche aux vendangeurs. «On mobilise surtout le réseau ANPE, explique Bernadette Dagonnet, animatrice de l'équipe vendange à l'ANPE de Belleville. Les volontaires peuvent s'inscrire sur notre site (anpe.fr).»
La vigne a près de trois semaines d'avance, et la plupart des coupeurs habituels n'en savent rien. «D'habitude, à un mois des vendanges, je commence à refuser du monde, raconte Pierre-Marie Che