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Libération

Le poulet sénégalais se débat devant l'OMC

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Les importations subventionnées ruinent la filière.
publié le 5 août 2003 à 0h31

Dakar envoyée spéciale

Il a beau avoir les pattes attachées, le poulet bat des ailes, caquetant, réussissant à passer entre les pieds de plusieurs passagers. Ibrahima, à qui un ami vient d'offrir cet animal excité, jette des regards inquiets autour de lui. Mais dans ce car rapide qui fait route entre le village de Sandiara et la ville de Mbour, au Sénégal, personne ne proteste. Chacun est d'autant plus tolérant que le poulet sénégalais se fait de plus en plus rare. Depuis, précisément, que des importations occidentales largement subventionnées, notamment européennes, lui font une concurrence fatale.

Le problème est suffisamment brûlant pour que le Sénégal demande une modification des règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), lors de la prochaine conférence ministérielle, qui se tiendra à Cancun (Mexique) du 10 au 14 septembre. Même si les autorités sénégalaises ont conscience que leur avis compte peu dans ce genre de grand-messe.

Anéantis. Représentés par Ndiogou Fall, président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest, les paysans seront là eux aussi. Pour demander notamment que «des exportations ne viennent pas déstabiliser les marchés internes d'autres pays», comme l'exigeaient des organisations paysannes africaines, latino-américaines et européennes, réunies en mai pour préparer le sommet de Cancun.

Selon la Fédération des acteurs de la filière avicole, 70 % des fermes avicoles du Sénégal ont fermé durant ces quatre dernières