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Messes basses entre maîtres du monde

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Chaque année, un club d'initiés se réunit dans le plus grand secret. Enquête exclusive sur un huis clos où tout peut se dire mais d'où rien ne doit sortir.
publié le 5 août 2003 à 0h31

Ce jour-là, Versailles et son château rejouent Fort Chabrol. Ballets de motards de la police, entourés des forces spéciales nanties d'une oreillette. Des hommes en costume s'extraient de limousines aux vitres fumées. L'accès au Trianon Palace est verrouillé, les voitures fouillées. Motif : «Symposium international». A quel sujet ? «C'est pas pour vous», évacue un homme des services de sécurité occupé à passer un miroir sous une voiture. Ce jeudi 15 mai 2003, une centaine de «global leaders» s'enferment, jusqu'au dimanche, pour discuter des «choses du monde». Le saint du saint des clubs mondiaux, la Mecque du gotha mondial, «le top du top» des séminaires de réflexion, prend ses quartiers annuels à l'abri des regards. Bienvenue, pour la centaine d'élus, au «Bilderberg».

Les «privilégiés» de ce raout euroaméricain sont des hommes politiques de haut rang (du numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, à Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, en passant par Valéry Giscard d'Estaing, président de la Convention européenne) ; des patrons de multinationales (les PDG de Thales, Axa, Nokia, Daimler Chrysler, Novartis...) ; des gouverneurs de banques centrales (du Français Jean-Claude Trichet au Norvégien Svein Gjedrem) ; des journalistes acceptant la règle de l'omerta (Newsweek, The Financial Times, La Repubblica, The Economist, Nicolas Beytout pour Les Echos ou Alexandre Adler pour Le Figaro) ; des têtes couronnées (l'Espagnol Juan Carlos, la reine Béatrix des