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Libération

528 km à pied, ça dope un chômeur

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Denis Huet a marché de Bordeaux à Paris pour trouver un emploi.
publié le 11 août 2003 à 0h34

Au premier abord, on ne voit que la maigreur de son visage : les yeux bleu ciel enfoncés dans les orbites, les joues creuses, les lèvres serrées par l'effort. Puis, très vite, on sent poindre l'énergie, la détermination, la jubilation d'avoir surmonté l'épreuve. Chômeur depuis près de trois ans, Denis Huet, 46 ans, a achevé hier une marche à pied en solitaire de 528 km sous la canicule, en se nourrissant presque exclusivement de fruits. Parti le 10 juillet de Bordeaux, il est arrivé le 10 août à Paris après avoir longé la nationale 10 à raison d'une vingtaine de kilomètres par jour avec, pour bagages, un sac à dos impeccablement rangé (comprenant cinq tenues de rechange, un sac de couchage et une toile de tente) et un téléphone portable qu'il rechargeait dans les campings. L'aboutissement d'un gros ras-le-bol, le besoin d'épuiser le corps pour éviter à la tête de partir en morceaux.

Service contentieux. «J'ai craqué après l'énième refus d'une agence de travail temporaire. Le rendez-vous s'était super bien passé, j'étais sûr d'avoir le boulot. Quand ils m'ont annoncé qu'ils choisissaient un autre, je me suis dit que les démarches classiques ne menaient nulle part. Deux jours plus tard, j'ai eu l'idée de cette marche.» Titulaire d'une maîtrise de droit privé, Denis Huet a été responsable du service contentieux d'une société immobilière bordelaise pendant douze ans avant d'être licencié à l'automne 2000. Depuis, il touche un peu plus de 1 000 euros d'indemnités mensuelles des As