Uzès (Gard) envoyée spéciale
Michel Tournayre a beau se plonger dans les cahiers remplis par son père durant trente années de labeur, rien n'y fait. Il ne trouvera pas le sésame pour garantir sa production de truffes. Le «diamant noir» est maniéré, parfois il pointe son nez, parfois non. Et, cette année, la sécheresse s'ajoute à l'incertitude habituelle. Le jeune trufficulteur peut bien prendre soin de ses arbres un par un, leur chuchoter des douceurs, la récolte restera un gros point d'interrogation jusqu'en novembre. Le Vaucluse, la Dordogne et le Lot sont les départements les plus touchés par la sécheresse. Seules rescapées potentielles, les truffières modernes qui ont été soigneusement arrosées. Comme celle de Michel, qui se trouve près d'Uzès.
Un an sur cinq. Il se balade dans sa plantation en traînant des centaines de mètres de gros tuyaux jaunes. Il a délaissé son enrouleur de 530 mètres pour un arrosage à la main, arbre par arbre, puisant son eau dans une nappe phréatique «bien remplie». Il chouchoute les chênes «champions», ceux qui ont déjà fourni jusqu'à 5 kilos. L'arrêté de restriction d'eau, publié jeudi, limite désormais l'arrosage de 20 heures à 8 heures. La sécheresse l'a forcé à faire rentrer du fourrage pour les vingt moutons qui broutent habituellement les 10 hectares de plantation, contribuant ainsi à l'entretenir. Autre souci : la surveillance des arbres. Michel et ses copains sont bien décidés, au cas où ils décèleraient des signes annonciateurs de bonne