Wada envoyé spécial
Il est 3 heures du matin. Pas une ombre à la ronde sur les quais du port de Wada, isolé à l'extrémité d'une longue baie de sable blanc de la presqu'île de Chiba, à deux heures au sud-est de Tokyo. Au large, une lumière blanche s'éloigne. C'est le baleinier Sumi tomo Maru, qui repart en mer aussi discrètement qu'il était entré au port. En moins de trente minutes, alors que les 6 000 habitants de Wada dormaient profondément, le Sumitomo Maru a déposé sa dernière prise, une baleine capturée la veille à deux cents kilomètres de là, dans les eaux tempérées du Pacifique Nord. Elle gît maintenant dans un bassin du port, arrimée à un quai et des bouées. C'est une baleine à bec de Baird, le plus gros rorqual à bec, de la famille des dauphins, au melon (front) très marqué. Sa pêche est tolérée par la Commission baleinière internationale (CBI).
Quotas. Surprise : elle n'est pas morte. Bien que son abdomen soit entrouvert, l'appareil digestif visible, son aileron dorsal continue de battre l'air tiède. D'après une organisation indépendante, l'Agence de défense de l'environnement, la chasse à la baleine à bec de Baird est particulièrement cruelle. «Un canonnier tire sur la baleine avec un harpon classique non explosif. Puis la baleine est traînée jusqu'à la côte pendant qu'elle se vide de son sang.»
A Wada, cet été, on pêchera jusqu'à 26 baleines, le quota fixé par l'Agence des pêches du gouvernement nippon. La viande est traitée notamment par Gaibo Hogei, première sociét