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Libération

En bout de filière, l'Afrique perdante

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Le secteur incarne les paradoxes de la mondialisation.
publié le 20 août 2003 à 0h39

Le poulet est un parfait émincé de mondialisation. Ou comment des pays émergents ­ Thaïlande et Brésil ­ taillent des croupières à un marché européen maintenu sous perfusion. L'Europe qui, à coups de subventions indirectes, vient plumer un continent africain, notamment le Sénégal (Libération du 5 août), où le gallinacé congelé et dopé aux aides à l'exportation se brade deux fois moins cher que la production locale. Voilà un secteur, l'aviculture, où le «second monde» (les pays émergents) part à l'abordage du «premier monde» (les pays occidentaux), qui ne trouve rien de mieux que de saborder les filières du tiers-monde. Ce dernier, via le Sénégal, compte bien le faire savoir à l'occasion de la réunion de l'OMC, à Cancun en septembre.

Arme fatale. Caricatural ? A peine. Car la concurrence Sud-Sud aussi, est sauvage. «Le poulet, c'est du soja ou du maïs sur pattes, de la matière première ; et la guerre est féroce», résume l'un des conseillers de Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce. Longtemps, via le déluge de subventions directes au blé, les paysans européens ont eu une arme fatale, «un avantage comparatif». Il suffisait d'avoir une alimentation pas chère pour «faire» du poulet à bas prix.

Mais le Brésil, désormais premier producteur mondial, a vite rué dans la basse-cour européenne. «Avec son soja, le Brésil a vite multiplié les poulaillers.» Et a surtout eu la capacité de s'adapter aux barrières sanitaires et phytosanitaires dressées par Bruxelles.

«Réguler». Un seul e